C'est la fin des haricots roumains, les amis.
L'aéroport de Bucarest dans lequel je suis en transit (à peine six heures, une peccadille) se fait un malin plaisir de me rappeler que l'aventure se termine.
Ce qui devait arriver arriva : je suis immensément triste de quitter Iaşi.
Je noie mon malheur dans un double expresso glacé à 17 lei. Aux grands maux, les grands remèdes (je ne m'attable jamais dans les cafés des aéroports, mais la circonstance est exceptionnelle).
J'ai invité quelques amis à partager un dernier repas dans mon appartement hier soir. Eiko s'est lancée dans la préparation de nouilles japonaises et nous avons marché sur la pâte pour la rendre plus compacte. 15 minutes chacun : un vrai travail d'équipe.
Hai să călcăm pe taiţei !
Let’s walk on the noodles !
J'ai rarement éprouvé avec autant de force le potentiel poétique de la farine blanche.
Il y avait quelque chose de bouleversant dans cette improbable collaboration.
*** Pour les détails techniques : il faut
mélanger de la farine blanche avec un peu d'eau et former une boule que
l'on place dans un sac plastique. Puis on glisse le sac entre deux
feuilles de papier journal et on marche délicatement dessus - sans
chaussures évidemment. Après 15 minutes de malaxage, on laisse reposer
le tout. Ensuite, on étale la pâte avec un rouleau à pâtisserie, on
découpe de fines lamelles qu'on fait cuire dans de l'eau bouillante. Et on déguste avec un bouillon, des shiitakés, quelques morceaux de viande et
des algues. Ce plat s'appelle うどん : udon (ou en roumain : taiţei din făină). ***
Au menu il y avait aussi : お赤飯 (osekihan : du riz rouge aux azukis) et 白玉団子 (shiratama-dango : le meilleur dessert de ma vie).
Avec un cake aux tomates cerises, olives vertes et dés de feta (c'est ma contribution méditerranéenne).
Et du vin roumain.
Et parce qu'il est impensable que ma vie désormais suive son cours loin de Voica, Ionuţ, Eiko, Mihai, Dana, Roxana, Eugen, Ruxandra, Bogdan, je forme ces deux résolutions :
- je reviendrai l'année prochaine
- ...et l'année suivante.
La revedere (au revoir), c'est donc bien la promesse de retrouvailles futures.
Quant à ce blog, il semble bien que l'heure fatidique du dernier article ait sonné. Il n'est pas impossible qu'un petit frère voie le jour si je m'installe dans un autre coin du monde. Crénom de nom ! c'était fort agréable de faire un bout de chemin avec vous.
~ Sibylle quitta
Iaşi et elle y revint souvent ~