samedi 6 avril 2013

Retrouvailles



Je retrouve Iasi sous un ciel tout gris. Après une journée de transports en tous genres (bus-train-avion-avion-taxi : départ d’Amiens à 5h47, arrivée vers 19h), je n’ai qu’une envie : me pelotonner dans une chambre bien chaude et prendre une soupe encore plus chaude. Manque de bol : le chauffage, inexplicablement, ne marche plus dans l’appartement...qui est-ce qui va dormir en manteau ce soir ? (Manque de bol au sens propre : je mange ma soupe dans un verre.)

Je ne sais pas combien de gens ont rêvé de pouvoir se téléporter : eh bien, l’avion me donne entière satisfaction sur ce terrain-là. Vous me direz, c’est un peu long et peu cher, non ? Oui, mais il n’empêche que j’ai l’impression de disparaître à un endroit et de surgir dans un autre, sans que le lien qui mène de l’un à l’autre soit clairement établi. D’autant plus que le voyage me met dans un état second, de quasi déconnexion. C’est une conversation avec P.-Y. qui m’a mis la puce à l’oreille (au sens le moins érotique du terme). Faire un trajet, me dit-il, c’est être hors espace et hors temps. Dans un train, j’ai beau voir les paysages défiler, je ne comprends pas le mouvement imprimé à mon corps, je me sens statique. C’est encore plus flagrant dans les aéroports, où tout déplacement devient presque abstrait.

Mais enfin, la téléportation a opéré, je suis arrivée à Iasi avec toutes mes valises (33 kg de livres, de fringues et de...chocolat). Pas de navette reliant l’aéroport au centre-ville, il faut donc prendre un taxi. Une policière m’indique ceux qui risquent le moins de m’entourlouper. Je rentre dans la voiture d’un ogre. Sérieusement, je n’ai jamais vu un bonhomme pareil : 1m85, 150 kg, il doit se recroqueviller pour tenir sur son siège. Son visage est défiguré et il n’a pas l’air de rire tous les jours. Son taxi est rempli de croix et d’icônes suspendues (voire scotchées) un peu partout. Remarquez, vu la façon dont il conduit, il a bien besoin d’un petit coup de pouce divin. Une fois arrivée à bon port, je lui donne un gros pourboire : je ne sais pas trop si c’est parce qu’il m’est sympathique ou parce que je suis trop heureuse d’être encore en vie...

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