lundi 29 avril 2013

Une histoire d’écho



Comme il est étrange d’habiter une autre langue que sa langue maternelle. Tout devient à la fois plus facile et plus fragile. Les mots n’ont pas le même poids, je peux dire sans m’émouvoir en roumain ce que j’aurais du mal à avouer en français. Vreau să scriu o carteă pentru copii. Am nevoie de gingăşie. Surtout, je reste au ras des pâquerettes. « Le cahier est sur la table », « Paolo est dans la cuisine ». Je peux donner des informations factuelles mais je ne m’aventure jamais dans la métaphysique. C’est reposant. 

...et épuisant aussi bien sûr de lutter dans un magma sonore qu’on ne comprend qu’à peine. Si les gens ne font pas l’effort de parler avec lenteur, je suis vite perdue.

Ce ai zis ?
N-am inţeles.
(Qu’est-ce que tu as dit ? Je n’ai pas compris.)

Je suis effrayée parfois par la précarité de ce que j’ai créé ici. J’ai peur que les rapports humains ne soient aussi fragiles que mes constructions syntaxiques. Retirez une allumette à la charpente, une carte au château, et tout s’écroule. Si je lance un appel, je n’entendrai probablement que mon propre écho. Je sais que c’est le jeu, Lucette, quand on s’installe six mois à l’étranger. Mais pour moi, un semestre, c’est une petite vie.

Même la France me paraît dangereusement silencieuse. Est-ce qu’elle aussi aurait changé d’adresse ?

1 commentaire:

  1. C'est bas, tout de même et si peu français de nosu solliciter ainsi. Le Français sait rester pudique et ne communique pas même en suisse, en langue suisse ses états d'âme. Regardez le Guéant qui espérait guéer sans coup férir entre deux mandats de Sarkosy et voilà qu'on lui découvre 500 000 euros par-ci, des "broutilles" au black, mais pas d'équerre (...de mauvais esprits vous expliqueront cette blague honteuse pour un ancien ministre de l'expulsion du Malien sans papiers du Premier Cercle) par là.

    Bon, je vais vous écrire plus souvent, puisque vous insistez. Et que tout le monde s'y mette!!!

    Eupet

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