mercredi 31 juillet 2013

Jour 6 [suite] : Sibiu

Allez savoir pourquoi, je me figurais que Sibiu serait trop touristique à mon goût.

Mais honnêtement, comparé au spectacle que vous offre la Côte d'Azur quand l'été bat son plein, le tourisme de Sibiu c'est de la rigolade.

En revanche, je ne m'attendais pas à trouver une ville si allemande. Dans les magasins, les restaurants, dans la rue, les bars, on parle allemand. Si vous demandez à mon ami Chelin (le guide vert), il vous racontera que Sibiu, fondée au XIIe siècle par des colons, fut intégrée très tardivement à la Roumanie (en 1920, je crois). Elle a d'ailleurs gardé son premier nom sur certaines enseignes : Hermannstadt.

Je prends un immense plaisir à me balader dans les petites rues pavées. À Iaşi, le passé semble avoir été dévoré par les blocs de béton construits sous Ceauşescu. Ici, j’ai l’impression de sentir le feuilletage des siècles sous chacun de mes pas.



  



Jour 6 : vers Sibiu

Mardi matin, il faut bien quitter Arefu, ses champs et ses vieilles bicoques.



Nous décidons de rejoindre Sibiu par les petites routes : autant dire par les chemins de terre. Parfois, nous tombons sur des culs-de-sac : l'itinéraire tracé sur la carte n'existe pas ou n'est praticable qu'avec un tracteur.  Mais j'aime traverser les petits villages où les gens écarquillent les yeux sur notre passage. Le temps semble régi par des lois différentes, ici.



En chemin nous passons devant de superbes monastères, de petites niches où les gens vont prier (je suppose). La croyance est intégrée à la vie quotidienne au même titre que la nourriture ou les travaux des champs. Je suis souvent surprise de voir les gens écrire à Dieu sur de petits bouts de papier dans les églises : il y a quelque chose de très direct, très intime dans cette foi.


Énième pique-nique dans les champs. Vous remarquerez que j'ai trouvé ma place dans la communauté : je suis celle qui coupe le pain.


En fin d'après-midi, nous arrivons à Cisnădie où - miracle ! - un vrai camping nous attend. Avec douches, toilettes et eau chaude : le paradis. La vue est superbe et nous sommes à quelques kilomètres seulement de Sibiu, où nous allons passer quelques heures avant le dîner.

mardi 30 juillet 2013

Jour 5 : Arefu

Grand ciel bleu. Nous prenons la route vers le sud, pour découvrir des paysages plus verts et plus vallonnés.


Un arrêt au barrage de Vidraru : je révise avec Romain les bases (barrage poids ou barrage voûte ? où est la centrale hydraulique ? à quoi servent les vannes en hauteur ?).


Un peu de poésie, que diable.


Nous marchons sous un soleil de plomb et rêvons d'une après-midi sieste et belote (rêve concrétisé après le pique-nique).


 Nous avons acheté sur le chemin une boule de fromage. Nos papilles sont survoltées. Le vendeur ne m'a pas menti : le brebis confectionné par ses soins est très, très bon.

 


Les Roumains ont une drôle de manière de faire sécher le foin. Entre nous, je ne peux pas m'empêcher de penser au cousin Machin de la famille Addams.

Quand nous revenons sur nos pas et regagnons le village où nous avons laissé la voiture, nous songeons que l'endroit est décidément très accueillant. Je vais dans le magasin le plus proche pour demander à la vendeuse si elle connaît une pension dans les environs (après trois nuits de camping sauvage, nous rêvons d'un lit et d'une douche). La cliente juste devant moi me dit : "justement, j'en ai une, c'est à trois pas d'ici". C'est ainsi que nous nous installons au Mountain Paradise pour la nuit (60 lei par chambre double, soit un peu moins de 14 euros, nous n'avons pas hésité une seule seconde). Tout est neuf mais on sent que la pension a été construite à la va-comme-je-te-pousse, avec les moyens du bord et les lubies de la maîtresse de maison. Nous sommes chouchoutés : tranches de pastèque pour le goûter, terrasse et jardin à notre disposition.

Je ne veux plus quitter Arefu (amadouer Sibylle avec une pastèque, ce n'est pas loyal, comment voulez-vous que je résiste...).

lundi 29 juillet 2013

Jour 4 : dans les Carpates


Dimanche. Nous nous levons tôt pour nous lancer sur les sentiers des Carpates. Nous démontons les tentes et reprenons la route jusqu’au lac Bâlea, point de départ pour les chemins de randonnée. Au passage, nous achetons du porc séché et du caşcaval fumé que nous glissons dans nos sacs à dos. Plus des cafés chauds et un gâteau hongrois à déguster illico : il fait froid et nous avons besoin de forces avant d’attaquer la grande marche.

Une famille nous demande conseil pour s’orienter et Pierre-Yves, carte en main, leur explique en anglais quel chemin prendre. Mais un peu plus tard il se rend compte qu’il les a mal aiguillés et s’offre un petit sprint pour les rattraper (ils ont déjà bien entamé leur ascension). Je ne sais pas ce qui m’impressionne le plus : l’exploit physique (parce que c’en était un) ou la galanterie du geste (très gentleman, le Pierre-Yves).

Nous nous engageons sur un sentier très pentu : l’occasion pour mes cuisses et mon cœur de me rappeler que je manque d’entraînement (pourtant, j’ai pratiqué assidûment la course à pied ces derniers mois !). Les garçons semblent flotter plus que marcher : j’ai envie de crier à l’injustice, mais je n’avais qu’à pas choisir pour compagnons de voyage trois beaux éphèbes aux mollets d’acier. La randonnée est superbe malgré la purée de pois qui gribouille parfois le paysage.







Retour à 16h : le temps de retrouver notre coin de rivière et de planter les tentes pour la nuit (mais cette fois, nous choisissons un endroit plus accessible et je peux m’en donner à cœur joie en sautant de rocher en rocher, suivant l'exemple du Caribou).

 





À l’heure du dîner, nous rejoignons la petite pension où nous avons mangé samedi. L’ambiance est beaucoup plus calme (je suppose que les Roumains qui étaient là pour le week-end sont rentrés chez eux). Plus de musique, plus de danse. Sur les vingt plats indiqués dans le menu, le cuisinier ne peut en préparer que cinq. Je commande une truite grillée et du vin rouge : le bonheur. Nous sommes les seuls clients jusqu’à l’arrivée de deux motards suisses (belle bedaine, veste en cuir et bière à la main : une sacrée allure). Ils ne parlent pas roumain et le patron me demande de faire l’interprète. Ils n’ont pas vraiment besoin de moi pour demander de la bière et des frites mais c’est l’occasion de sympathiser. Quand les compères suisses se mettent à câliner le petit chat du patron, je craque. On dirait deux ours amoureux d’une coccinelle. Je ne sais pas ce que je donnerais pour prendre une photo de cet instant. 

En parlant d’ours, nous n’en avons pas encore rencontré et c’est tant mieux. Je dois avouer que je ne suis pas rassurée à l’idée de faire du camping sauvage. Nous avons beau prendre toutes les précautions nécessaires (pas de nourriture ou de produit odorant dans les tentes, exit le dentifrice), j’ai lu trop d’histoires terribles pour être tout à fait sereine.