lundi 22 avril 2013

Baba Dochia écoute de l'électro sur un pneu

Samedi, 18h30 : je retrouve Paolo sur la Piata Unirii. Nous allons boire une bière et manger un borş dans un lieu qui commence à m'être familier : Atelierul de Bere. J'en profite - c'est le comble - pour donner un petit cours de roumain à Paolo : le kit de survie à Iasi, en quelque sorte.
(Je ne vous ai encore rien dit de Paolo, mais cela ne saurait tarder. Il risque fort d'occuper une place importante dans les prochains chapitres - à force d'écrire ce blog, je finis par considérer ma vie comme un roman...)

Daniel me propose par texto de le rejoindre pour un concert de musique électro au centre-ville. Cette fois, je n'ai pas le droit de refuser (je décline toujours ses invitations, parce qu'elles me surprennent en train de tirer ma flemme devant un film ou déjà prête à aller me coucher. Daniel est colombien et nous n'avons pas exactement les mêmes rythmes de vie.)

Il me dit : on va voir Baba Dochia. Baba Dochia ? Jamais entendu parler, évidemment. C'est un groupe électro de Cluj qui joue ce soir dans un hangar aménagé.

Mais Baba Dochia (prononcez "Dokia"), je l'apprendrai plus tard, est aussi le nom d'un personnage légendaire.

Dans la mythologie roumaine, Baba Dochia ("Grand-mère Dochia") est une vieille femme mal lunée dont l'humeur change comme le temps entre deux saisons (elle symbolise le passage de l'hiver au printemps). Une drôle de bonne femme qui a inspiré plus d'une histoire.

Bref, à 23 heures, me voilà assise sur un pneu, immergée dans un univers sonore inconnu et dans un décor complètement loufoque. Le courant passe bien entre les amis de Daniel et Paolo : en cinq minutes, tout le monde se met à parler italien (Şerban et Mattei ont habité plusieurs mois à Rome et Paolo vient de Sardaigne). Je suis en compagnie exclusivement masculine ce soir, et je me laisse porter par la langue italienne. Pas capable d'aligner deux mots, c'est vrai (l'italien est trop proche du roumain, je n'arrive pas à passer de l'un à l'autre). Mais enfin, je comprends ce qui se dit. Il faut avouer que j'ai fait une cure intensive de langue italienne ce matin dans ma chambre avec Fabrizio De André.



Io dedico questa canzone
Ad ogni donna pensata come amore
In un attimo di libertà
A quella conosciuta appena
Non c'era tempo e valeva la pena
Di perderci un secolo in più.
(De André, « Le Passanti », Canzone, 1974)
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
Brassens, « Les Passantes », Fernande, 1972)

3 commentaires:

  1. Héhéhé!
    Baba Dochia et Vieux Cornichon Poilu : la fine équipe!!

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  2. Partie à Cluj en Erasmus en automne 2011, et arrivée totalement par hasard sur ce blog, je prends beaucoup de plaisir à lire tes impressions... C'est à la fois plein de souvenirs qui ressurgissent et le plaisir d'un autre regard, une autre perspective :)

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    1. J'ai hâte de voir Cluj, dont tout le monde me parle tant ici ! En tout cas pour la Roumanie, j'ai du mal à unifier mes impressions : elles se fragmentent et changent sans cesse. C'est un peu le chaos, à l'image des routes de ce pays :)

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