mardi 16 avril 2013

Cahier d'un retour

Le retour en terre roumaine ne s'est pas fait sans accroc. En France, je me sentais encore à Iasi, et il a fallu plusieurs jours pour "me rassembler" tout entière en un point. (Vous me direz, pour un colloque intitulé Les intermittences du sujet, c'était plus que de circonstance.) De retour à Iasi, j'ai attrapé un rhume et le syndrome du qu'est-ce-que-je-fais-là. Les deux sont souvent concomitants : vous descendez du bus, glissez sur une mare de boue et par un effet très étrange (d'aucuns appellent ça gravité) votre corps tout entier se retrouve maculé et transi. À ce moment précis, *atchoumquestcequejefaislà*.

Vous avez beau prendre une douche, le sentiment persiste.

On m'avait prévenu des dangers du verglas, mais personne ne m'a jamais dit qu'en avril, Iasi devenait une sorte d'immense bac de boue. Les gens, je ne plaisante pas, se rentrent les uns dans les autres tellement ça glisse.

Même transformée en golem, il faut "se remettre dans le bain". Les jours s'écrivent en pointillés. Les nuits me narguent. Mais je continue à amasser les trésors comme un vieux grippe-sou. Dans ma besace, il y a...

...il y a la découverte d'un nouveau bar, l'Acaju, où Christelle-Laure et moi bataillons ferme pour damer le pion à l'autre (elle m'apprend un nouveau jeu très chouette dont je vous parlerai bientôt).

...il y a un concert nocturne dans d'anciens bains turcs (le décor rêvé pour une histoire fantastique).

...il y a un brunch international avec des étudiants Erasmus. Maddi s'improvise coiffeuse et coupe les cheveux de tous ceux qui s’assoient sur son tabouret (elle s'en sort très bien, je me confierai à elle bientôt). En la voyant faire, je ne peux pas m'empêcher de penser à Edward aux mains d'argent : elle a cette même poésie silencieuse et décalée. Cecilia joue du yukulele et me propose d'écrire une chanson pour elle. Donna (sa chienne) est folle de joie, elle saute sur tout le monde, parle toutes les langues.

...il y a le marchand de légumes du coin qui me fait toujours un beau sourire édenté. Il a de grosses lunettes et deux petits oiseaux qui pépient sans arrêt. "Ben alors, on ne vous a pas vue dans le coin depuis un bout de temps, vous ?"

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