vendredi 12 avril 2013

Rendez-nous nos tilleuls ! (Sibylle arbor-militante)

Voica m'avait prévu par mail : manifestation jeudi, à 18h, sur la Piaţa Unirii. Mot d'ordre : sauvez les tilleuls !

Tout récemment, la municipalité a coupé les vieux tilleuls qui bordaient le boulevard piéton de Iasi.

Les habitants se sentent floués : on a replanté, à la place des tilleuls, des acacias japonais.

Ils crient "Rendez-nous nos tilleuls !"

"Replantez nos âmes !"

(Il faut savoir que Iasi est connue pour être la ville des tilleuls, et elle en est plus que fière.)

Au-delà des revendications surréalistes (personne ne croit sincèrement que la municipalité va ramener les tilleuls à la vie), les citoyens demandent une plus grande transparence dans les décisions politiques.

Architectes, artistes, professeurs émérites se relaient sur la tribune pour élever leur voix : il n'est pas normal que les élus, à l'heure de l'union européenne, continuent de comploter dans l'ombre.

"Consultation plutôt que conjuration !"

"Nous voulons des parcs, pas des parkings !"

(En ligne de mire, le prochain projet urbain : raser le parc de l'opéra national pour en faire un parking souterrain).

Je suppose que les lobbies ont une influence considérable sur les choix politiques, à tous les niveaux (c'est du moins ce que tout le monde me dit ici).

D'où l'affirmation : "Orasul ne appartine" (la ville nous appartient !).









 

J'aime ici les "gueules".
Les gens ont des traits inimitables, j'aimerais pouvoir les croquer.



Voica est très excitée : "tu te rends compte, les gens sont dans la rue, ils protestent ! Cela n'arrive jamais, jamais, ici."

À la fin de la manifestation, elle me propose d'aller boire une bière avec Misuzu et Ionuţ. Misuzu enseigne le japonais, Ionuţ (on pourrait traduire son nom par "Jeannot") vend du thé et du café.

Je sens que toutes mes bonnes résolutions sont sur le point de s'effondrer : oublié, le mens sana in corpore sano, oublié, le travail de rédaction, envolée, la séance de yoga... Nous allons à l'Atelierul de bere ("L'atelier de la bière"), une brasserie pas loin du boulevard piéton, justement. Et la soirée se prolonge. Nous parlons de tout en vrac (comme le thé que vend Ionuţ) : de Pérou, parce que "Jeannot" s'y installe l'année prochaine, de Tristan Tzara, de tradition zen, de mariage homosexuel, de fromages français, de la Mer Noire, que je vais voir bientôt - je voudrais arrêter le temps.

3 commentaires:

  1. Je pleure... de nostalgie, d'une étrange joie teintée de tristesse, aussi. Cherchant désespérément des nouvelles de Iasi, je tombe - ou me relève peut-être - sur ton blog... tu écris beau... & c'est vrai : les roumains ne manifestent presque jamais "contre" mais plus "pour" (la forme, sans doute)... & le tilleul est à Iasi, ce que l'olivier est à la Méditerranée... lis, si tu ne l'as pas déjà fait, "Si daca de cu ziua" d'Eminescu... Pa! aurelia

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton message et ton conseil de lecture : je ne connais pas ce texte, je vais m'y plonger de ce pas...
      (En tant que Méditerranéenne, je suis très sensible à ton rapprochement : "le tilleul est à Iasi ce que l'olivier est à la Méditerranée" !).
      Papa !

      Supprimer
    2. Cu placere ! j'aime te lire... soupirant devant mon écran, je me rappelle ma vie d'avant que j'adorais tant... merci à toi pour cette jolie sensation... un autre conseil (per l'amico Paolo), car en tant que méditerranéenne, j'ai, moi aussi, longtemps cherché du parmigiano reggiano, de l'huile d'olive & il caffè Lavazza Qualità Oro & j'ai trouvé mon kit de survie chez Kaufland... sur le chemin, je vous zinvite à flâner dans le joli désordre organisé d'Emmaüs... mai vorbim ! pa ! aurelia

      Supprimer