mercredi 17 juillet 2013

Séparation, retrouvailles

Dimanche 7 juillet, au petit matin, Sou Linne me dit au revoir dans le couloir de l'hôtel. Je prends le train à 9h en gare de Budapest Keleti. L'avion qui ramène Sou Linne à Paris décolle à 16h : ça lui laisse le temps de boire un dernier frappé dans le petit café bio qui nous a accueilli tous les jours (de retour du Musée des Beaux-Arts, où nous avons vu l'exposition Schiele, de retour du marché aux puces, sur la route des Halles...bref, étrangement nos pas nous conduisaient toujours vers ce petit havre de paix).


Le Caribou nous a rebaptisées : âme sœur à baguettes, âme sœur à fourchette. Ce sera dur de ne pas se voir pendant un an.

Comme pour l'aller, j'ai décidé de faire une halte à Cluj pour éviter de prendre le train de nuit. Je m'installe dans un compartiment vide et me lance dans la lecture de Dolce Agonia. J'ai dégoté à Budapest une minuscule librairie qui vendait au rabais quelques ouvrages en langue étrangère. Je ne pouvais pas rêver mieux qu'un roman de Nancy Huston pour m'accompagner dans ce trajet. Je suis toujours surprise de constater à quel point une lecture peut imprimer sa couleur particulière à un voyage. Dans mon esprit, le bus Iasi-Bucarest restera indissociablement lié à Féerie générale, et le train Cluj-Budapest au trio koala, écureuil, loutre de Geneviève Brisac.

Je passe la nuit dans une auberge de jeunesse : le Retro Youth Hostel. Cluj-Napoca est décidément une ville très belle et je prends plaisir à m'y dégourdir les jambes après 9h de train. A 22h, l'air est plus doux et je sors boire un verre avec trois garçons rencontrés à l'auberge : deux sont anglais, le dernier est canadien. Nous poursuivons notre conversation jusqu'à une heure tardive : peu importe, je dormirai dans le train qui me ramène à Iasi.

Lundi 8 juillet, à 8h40, me voilà repartie pour une longue journée de voyage. Les trois femmes qui occupent mon compartiment ont entre 50 et 60 ans et sont de véritables professionnelles du pigloutage (j'emprunte ce terme à la famille du Caribou, je n'en trouve pas de plus approprié. Le pigloutage est un bavardage volubile et enjoué qui consiste souvent en une succession de potins). Elles parlent fort et commencent par un long lamento (et le coût de la vie, et la santé qui fuit, tout est si dur ici, je ne vous raconte pas, ma nièce, après deux universités - deux universités ! - elle n'a pas pu trouver de travail, elle est obligée de vendre des chaussures, comment voulez-vous vous en sortir comme ça, c'est pas une vie...). Mais très vite la bonne humeur reprend ses droits. Elles sympathisent, échangent des recettes de cuisine et se mettent en tête de me materner. L'une aménage un coin de banquette pour que je puisse m'allonger, s'extasiant sur la petitesse de mes orteils, l'autre me nourrit de gâteau au chocolat, et quand j'aligne deux phrases en roumain, c'est l'euphorie générale.

La suite c'est...c'est le retour à Iasi, les plats succulents de Paolo, l'écriture d'une nouvelle (que j'enverrai à Kai, à qui je dois une fière chandelle). Puis l'arrivée du Caribou, la fête du 14 juillet à l'Institut français avec Dana et Roxana, le pique-nique improvisé avec tous les amis, une soirée au Bolta Rece.

Et le 18 juillet, un départ en minibus pour Brasov, où nous retrouvons PY et le Chevalier.

Mais ça, c'est une autre histoire... Je reprends la plume (et mon clavier) le 27, pour le récit de nos aventures en Transylvanie.

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