mercredi 22 mai 2013

Chacun sa route

Il faut maintenant s'arracher aux bras de Bucarest. L'avion qui ramènera le Caribou à Paris part à 6 heures du matin. Je vous passe les séparations mal réveillées dans le hall de l'aéroport, on a déjà fait plus romantique.

Et j'en viens directement à mon propre départ pour Iasi : une vraie partie de plaisir. Je suis ravie parce que j'ai trouvé un bus qui part à 8 heures directement de l'aéroport. Cela m'évite de tourner toute la matinée en ville à la recherche d'une hypothétique gare routière. J'ai pris soin de réserver ma place par téléphone, même si ce n'était pas franchement nécessaire (les vacances de Pâques sont terminées, les voyageurs ont regagné leurs pénates). J'essaie de me renseigner dans l'aéroport pour connaître le lieu de départ du bus (c'est grand, un aéroport) : personne ne semble au courant. C'est quand même un trajet qui est assuré tous les jours à la même heure ! Mais non, personne n'a jamais vu ce bus-fantôme. Au bureau d'informations, on me dit "demandez aux ouvriers, ils l'ont peut-être déjà aperçu". Ben voyons.

Je tourne et re-tourne jusqu'à l'arrivée du fameux bus (qui se gare en fait au dépose-minute, devant le hall des départs). 7h30 : j'installe mes affaires et je demande au chauffeur si j'ai le temps pour un dernier passage aux toilettes. "Ah ben oui ma p'tite dame, nous on part pas avant 8 heures hein, c'est écrit sur le papier". Bien bien : j'en profite pour m'acheter un petit livre qui m'accompagnera pendant le trajet. Un livre en roumain, bien entendu. Oscar et la dame Rose, si vous voulez tout savoir. C'est parfait pour mon niveau de langue. J'ai un peu traîné et je sors en hâte : il est 7h45.

Devinez quoi ? Plus de bus. Il est parti, avec toutes mes affaires. C'est tellement absurde que je ne m'affole pas du tout. J'ai l'impression de vivre ça de loin, comme je pourrais regarder un film. J'ai tout de même la présence d'esprit d'appeler la compagnie. Je baragouine comme je peux. : "Bonjour, je suis dans le bus pour Iasi, enfin non, je devrais y être, en tout cas mes affaires y sont, mais moi je suis en rade devant l'aéroport. Au secours ?".

On me dit de ne pas m'inquiéter, et on raccroche. Cinq minutes plus tard, voilà mon bus qui revient. Le chauffeur est un peu goguenard. Je ne connaîtrai jamais le fin mot le l'histoire. Je m'en fous, je veux dormir, je veux la paix, je voudrais - mais je ne suis pas la première, je sais - que quelqu'un m'attende quelque part.

De retour à Iasi, après 8 heures de bus, je prends le tram jusqu'à Podul de Fier. Je grimpe quatre étages, et quand j'ouvre la porte de mon appartement, je tombe sur Paolo et Voica assis par terre, emberlificotés dans des câbles de couleurs différentes, s'acharnant depuis deux heures à installer internet. Et cette vision-là, allez savoir pourquoi, me fait un bien fou. Pour un peu je les serrerais dans mes bras. Je bois un verre d'eau et m'assois illico pour ramer avec eux. Et même si nous finissons par déclarer forfait (illimité), je suis sûre qu'une connexion s'est établie dans les strates de la tendresse.

[Nous appelons les installateurs. Eux qui ont mis trois semaines à nous livrer le modem - théoriquement livré en trois jours - sont par miracle en 30 minutes devant ma porte. Les miracles roumains.]

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