jeudi 2 mai 2013

Hors du temps

J'écris depuis le café "Mignon", qui affecte une grâce désuète tout ce qu'il y a de plus branché. Être branchée : c'était bien le but. Ici je profite du wifi le temps d'une limonade, parce que mon nouvel appartement n'a aucune connexion et qu'il faut encore tout installer.

Hier, Paolo m'a dit dans la cuisine : "tu ne te sens pas catapultée dans les années 40 ?". C'est vrai : tout semble me ramener à une autre époque. Les assiettes accrochées au mur, les vieilles marmites, les meubles en bois, l'odeur du four quand on l'allume, la voisine accoudée pour l'éternité à son balcon, dans l'immeuble en face. Je ne sais pas ce qu'elle attend, je crois qu'elle n'attend rien : elle s'est installée là ad vitam aeternam.

Alors je joue le jeu, j'enfile ma nouvelle robe dégotée dans une friperie et je remonte le temps. Je pense que ma grand-mère a dû porter de telles robes, sans manche, avec de petits carreaux rouges et blancs qui font chavirer les yeux.

Je suis retournée dans une boutique de fringues d'occasion, insatisfaite par ma première tentative et par le billet qui en était sorti. Comme pour me faire mentir, la vendeuse s'est montrée terriblement chaleureuse. Elle s'est mis en tête de me trouver exactement ce qu'il me fallait et je dois avouer qu'elle ne s'est pas trop mal débrouillée. Elle a vite compris ce que je n'aimais pas. J'ai passé plus d'une heure à papoter avec elle en roumain depuis l'arrière-boutique où j'enfilais ce qu'elle m'apportait.
"Pas de strass, pas de jupes trop courtes, pas de robes moulantes, mais enfin de quel pays tu viens ?
- France.
- Alors tu es une Française atypique ! Ah non non non, ça ne va pas du tout ça, tiens essaie celle-là plutôt."
Je suis revenue avec trois robes estivales, une jupe et un t-shirt, le tout payé au poids : à peine plus d'une dizaine d'euros.

Le Caribou va détester la robe rouge : je ne l'apporte pas avec moi à Bucarest. Je prends le bus demain à 10h30, et si les dieux de la route sont avec moi j'arrive à l'aéroport international de Bucarest vers 18h30. Là, je retrouve le Caribou qui débarque tout droit de Beauvais, et je fais semblant de connaître la capitale comme ma poche. Samedi 4, nous partons pour Tulcea, dans le Delta du Danube. Ensuite, deux nuits à Crisan, un petit village de pêcheurs. Et puis...nous inventerons la suite selon l'inspiration.

Retour à Iasi le 11 mai, avec - c'est promis - un nouveau récit illustré.

(Non, je ne suis pas complètement hors du temps : aujourd'hui, je fête mes trois mois d'installation à Iasi. La mulţi ani !)

1 commentaire:

  1. Joyeux anniversaire !
    Tes impressions sur les pâques orthodoxes ?!?!?...
    Bene

    RépondreSupprimer