dimanche 12 mai 2013

Jour 2 : de Bucarest à Tulcea



Règle n°1 en Roumanie : toujours vérifier l’information trois fois.

Notre deuxième jour de voyage illustre parfaitement cette maxime que j’avais tendance à oublier, dans l’excitation des retrouvailles. À notre arrivée à l’hôtel, vendredi, j’ai demandé au réceptionniste s’il connaissait les horaires des bus pour Tulcea.
« Vous voulez prendre un bus ?!!! C’est de la folie...avec Pâques en plus, vous allez être étouffés dans un minibus bondé sans climatisation »
Je lui dis que j’ai fait Iasi-Bucarest en autocar et que je me porte bien, mais visiblement il n’aime pas les transports en commun. « Non, à la limite, vous pouvez prendre le train, c’est moins désagréable ». Je sais que c’est aussi plus lent et plus cher, mais pourquoi pas ? Il nous indique un train qui part de la gare Obor à 13h, le samedi. Je lui demande si on peut aller en bus à la gare ( !). « Aucune idée. Allez-y en taxi, c’est plus simple ». (Hors de question.)

Samedi matin, nous discutons avec une autre réceptionniste, à qui j’explique notre programme. « Obor ? Non, il n’y a pas de train pour Tulcea là-bas, enfin je ne crois pas... ». Elle appelle. « Rien à Obor. Il y a un train par contre à la Gare du Nord, à 15h. » Je lui dis « Et pour les bus ? ». Elle : « Ah non les bus, je ne sais pas ». Nous quittons l’hôtel, notre charmante réceptionniste est enchantée de savoir que nous allons dans le Delta et nous donne mille recommandations : « et surtout, ne faites confiance à personne ici », conclut-elle.

Romain me demande ce qu’on fait en attendant 15h. Je lui propose d’aller à la gare : tant que je n’aurai pas mon billet en poche, je ne serai sûre de rien. Petit trajet en métro pour se mettre en jambe. À la gare, pas de train pour Tulcea : c’est le week-end de Pâques. « Savez-vous s’il y a des bus ? et si oui, d’où partent-ils ? ». Non, on ne sait pas.

Nous allons voir à tout hasard à la gare routière la plus proche (Besarab, celle dont on m’avait assuré qu’elle ne permettait pas d’aller à Tulcea). Les panneaux indiquent une mauvaise direction et nous mettons un temps fou à trouver le point de départ des bus. J’arrête les gens dans la rue et baragouine tant bien que mal en roumain. Enfin nous atteignons Besarab. On nous dit : « Pour Tulcea ce n’est pas vraiment ici, c’est avec Augustina, pas très loin ». Encore une demi-heure pour trouver la mini station Augustina (il aurait pourtant suffit de dire ‘prenez la prochaine à gauche’). Là, miracle : oui, il y a bien des minibus pour Tulcea, oui, nous pouvons prendre le prochain. Quatre heures de folle conduite avec une musique assourdissante et de fieffés râleurs, mais le Caribou semble comme un poisson dans l’eau. 

Arrivés à Tulcea, nous décidons que nous nous accorderons au rythme du fleuve et des gens, quitte à passer une semaine dans le delta (pas envie de multiplier les journées de trajet, vu la complexité de chaque déplacement). Devant le plan de la ville, nous rencontrons quatre français : un peintre, son ami photographe et leurs compagnes. Maurice est installé en Roumanie depuis quelques années et me donne ses coordonnées : si je passe dans les environs de Bistriţa, je suis la bienvenue. Ils connaissent plein d’adresses sympas et semblent sacrément mordus, amoureux fous du pays. Nous allons à pied jusqu’à la petite pension que j’ai réservée pour une nuit. Là, on ne parle que roumain : je m’amuse à échanger quelques banalités avec la famille. « Il fait si chaud ! Oui, si nous allons jusqu’à Sulina, il faudra faire attention aux coups de soleil. » Dans une langue étrangère, même les plus monstrueuses platitudes ont un goût de première gorgée de bière.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire