Après une journée harassante pour lui comme pour moi, Paolo rentre à la
maison les bras chargés de vivres. « Tu veux ta première leçon de cuisine
italienne ? » Un peu mon neveu !! Pour être tout à fait
rigoureuse, je dois dire que c’est ma deuxième leçon. La première a eu lieu à
Melegnano (Marignan à la française), chez Antonio. Il s’agissait d’un risotto,
et il fut perfettamente cotto (je ne
sais pas si ça se dit, mais je sais qu’Antonio a horreur du risotto scotto, même leggermente scotto – légèrement trop cuit – et que ça nous a valu
une sacrée discussion avec le patron d’un restaurant, je ferme la parenthèse).
Revenons à nos moutons. Paolo me propose de commencer par la base, la
recette la plus simple du monde, et peut-être la meilleure : les pâtes à
la tomate et au basilic. Il me met en garde : « Le jour où tu n’as
pas de basilic, ça ne sert à rien d’essayer. Tout est dans le basilic. Le
basilic frais. » (et chercher du basilic frais à Iasi, c’est chercher du
porc au caramel en Tunisie. Mais tout est possible, surtout pour un Italien
affamé). Il me demande :
- You like them « au dent » ?
- Sorry ?!?
- How do you say that in French ? « Au dent »... Al dente !
- Ahhh... ben... on dit al dente !
Pour la première fois je réalise que « al dente » a une
signification en italien. Al dente,
littéralement : à la dent. Oui,
oui bien sûr, je les veux à la dent,
mes pâtes. Tant mieux, me dit Paolo. Sinon ça ne sert à rien de faire des
pâtes.
Je le regarde s’affairer, et les seuls mots italiens qui me viennent à l’esprit
sont des bribes de vers appris il y a longtemps, tirés des chansons de Fabrizio
De André, des poèmes d’Eugenio Montale et de Luciano Fortunato. J’ai besoin d’une
immersion milanaise pour me rafraîchir la mémoire. L’année prochaine, peut-être ?
Nous dégustons les pâtes avec un vin blanc sec de Roumanie – un délice.
De quoi dormir en paix et me réveiller en forme : demain matin j’ai
footing.
***
Addendum : Paolo ne transige
pas avec la cuisine. Aujourd’hui, alors que j’étais plongée dans mon travail de
recherche, je l’entends jurer depuis la cuisine : « PORCA MISERIA ! »
(je ne traduis pas, c’est à la fois très compréhensible et plus joli en
italien). Je passe la tête dans l’encadrement de la porte, pour vérifier que
tout va bien :
« Non, ça ne va pas, je viens de mettre du citron dans une salade
avec des tomates !
- ... et ?
- Hérésie ! Il ne faut pas cumuler les sources d’acidité ! »
Bon, la salade s’est révélée délicieuse, mais je n’avais pas beaucoup de
doutes.
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