Nous reprenons la route après avoir mille fois remercié nos
hôtes. On refuse systématiquement notre argent : je crois que les
monastères se doivent d’accueillir les pèlerins, et le font – la plupart du
temps – avec plaisir.
Une charrette nous prend au passage et nous fait avancer de
quelques kilomètres. Nous manquons de verser dans le fossé quand nous croisons
un camion : le cheval prend peur et fonce sur le bas-côté. Je suis
moyennement rassurée.
Reprise de la marche.
De temps en temps nous faisons une halte dans un village,
échangeons quelques mots avec les habitants, vérifions que nous sommes dans la
bonne direction (rien n’est indiqué). Ce voyage aura été l’occasion pour moi de
pratiquer mon roumain. Je suis maintenant incollable sur les directions et je
peux dire d’une traite bonjour-nous-faisons-un-voyage-à-pied-à-travers-la-Moldavie-et-nous-dormons-dans-les-monastères-connaissez-vous-un-endroit-qui-pourrait-nous-accueillir-pour-la-nuit ? Par ailleurs, il faut veiller à poser la même question à
différentes personnes, parce que les informations ne se recoupent pas toujours.
J’ai l’impression que les Roumains connaissent mal les monastères et leurs
usages (cela nous vaudra une petite déconvenue jeudi soir).
Nous arrivons en fin d’après-midi à Râşca, où nous sommes
accueillis comme des rois : douche, repas, poêle allumé exprès pour nous.
Le souper est un vrai délice : soupe de légumes, mămăligă, fromage,
champignons, pommes de terre, poivrons marinés. Nous sommes deux dans le grand
réfectoire, les moines mangeront plus tard, après la prière. Dans la chambre,
un étrange tableau de Jésus nous observe. Ce soir, c’est à moi de lire tout
haut un chapitre de Walden ou la vie dans les bois.
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