Le train régional que nous prenons est très, très lent. Mais nous occupons à
nous quatre (à nous cinq avec Donna) un compartiment de seconde classe plutôt
confortable : l'endroit idéal pour finir notre nuit et voir le soleil se lever
sur la campagne de Bucovine.
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Une fois arrivées à Gura Humorului (9h15), nous nous mettons en marche vers le monastère de Voroneţ, à quelques kilomètres de là. Le froid est saisissant.
Voroneţ fut construit au XVe siècle par Ştefan cel Mare (en
français Etienne le Grand). L’histoire dit qu’il ne fallut au voïvode que trois
mois et trois semaines pour ériger ce monastère. Au XVIe siècle, le bâtiment fut agrandi et les murs extérieurs peints avec une couleur très
caractéristique connue aujourd’hui sous le nom de bleu de Voroneţ. Et quel bleu ! Il est obtenu à partir de
végétaux et de minéraux mais d’après ce que j’ai compris, le secret de sa
fabrication est resté intact (légende ou réalité, je n’ai pas envie de
trancher). C’est sur ce fond bleu que sont représentés les épisodes bibliques :
le foisonnement de détails et la succession des scènes donneraient presque le
vertige. Voroneţ est l’un des endroits les plus célèbres de Bucovine et
peut-être de Roumanie. Effectivement, je n’ai jamais vu quelque chose qui
ressemble de près ou de loin à cette église. Je passerais bien dix heures ici à
réinventer chaque histoire, à me laisser guider par des rencontres fortuites
(le regard qui erre d’un personnage à l’autre découvre – ou crée – des liens
insoupçonnés). Je suis infiniment plus sensible à ces représentations
diffractées qu’aux immenses fresques italiennes que j’ai pu voir ici ou là. Mon
cœur va vers la miniature, le format ‘de poche’ que l’œil peut saisir et
emporter avec lui. Un détail qui me frappe et que je n’oublierai pas de sitôt :
une tête de mort, dessinée comme aurait pu le faire un Dalí au XXe siècle. Les photos sont taxées et je suis persuadée d’ailleurs qu’elles
ne donneraient rien de bon. Si vous voulez un aperçu des lieux, vous
pouvez suivre ce lien, mais là encore les reproductions sont très décevantes.
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