lundi 25 février 2013

Dimanche 24 février : jardin gris, vin rouge et chocolat noir



Quand vous ne savez pas quoi inventer pour établir le contact avec vos colocataires, proposez-leur une sortie photo en ville (évidemment, c’est plus efficace si les personnes concernées appartiennent à la gent féminine et adorent poser devant l’objectif). Après une (longue) séance de maquillage, Ana et Ioana sont fin prêtes. Vlad, le petit ami d’Ana, nous accompagne. Ca tombe bien, je l’apprécie beaucoup. Nous allons à pied au jardin botanique. On m’a assuré que c’était un lieu incontournable à Iasi – c’est dommage, parce que nous allons justement devoir le contourner (il est fermé le dimanche après-midi). L’endroit est quand même superbe : une fine couche de neige a été préservée et de grands arbres squelettiques se dressent un peu partout. Le ciel et le sol, à force de se draguer, ont fini par prendre la même couleur gris-blanc.


Nous tombons sur un petit lac gelé qui me rappelle très fort un beau roman roumain dont je vous parlerai bientôt.


Je reviendrai au printemps, pour voir la terre se réveiller.


Ce chemin sonne comme une invitation, non ?


18h30. J'attends devant la gare l'arrivée de Voica. Eugen et Ruxandra nous ont invitées à partager une bouteille de bon vin roumain. Je n'attendais pas mieux, moi qui suis systématiquement déçue quand je commande un verre dans un bar de Iasi. Eugen et Ruxandra comptent parmi les plus surprenantes personnes que j'ai pu croiser dans cette ville. Je les ai rencontrés grâce à Voica lors d'une soirée théâtre (le 11 février dernier). Eugen a un appartement pas loin de chez moi, il est convenu que nous passions la soirée là-bas. Je n'ai jamais vu un tel bric-à-brac (et pourtant je ne brille pas par mon organisation) : impossible de poser le pied par terre sans écraser quelque chose. D'ailleurs il faut faire attention car Eugen aime bien ses araignées et risquerait de s'offusquer s'il leur arrivait malheur. Un ordinateur éventré trône au milieu de la table. Eugen m'explique le fonctionnement des pièces, je ne comprends pas un mot. Le langage informatique en anglais, c'est pour moi doublement obscur. La pièce est minuscule et l'air à peu près irrespirable (trois PC fonctionnent en même temps sur le bureau). Dans la salle de bains, je ne trouve ni la lumière ni la chasse d'eau (c'est parce qu'il n'y en a pas ! me dira Eugen). Mais très sincèrement je m'en fiche : il y a là du vin, des amis, du très bon chocolat que j'ai apporté pour l'occasion. La cadre apporte à l'ensemble une petite touche exotique. J'ai l'impression d'avoir débarqué dans un univers de science-fiction.

Comme nous n'avons qu'un verre il passe de main en main (Voica, qui est malade, a un statut à part : elle boit seule dans un petit récipient qui doit être un verre doseur). Le vin est vraiment délicieux. Il vient de la vallée de Prahova (pas très loin de Bucarest), c'est un Cabernet sauvignon de 2011. Le temps se détraque. Quatre heures s'écoulent sans que je m'en rende compte. C'est vraiment très étrange, le moment venu, de quitter cet antre pour un appartement rempli de cœurs roses et de stickers Winnie l'Ourson.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire