(Une bonne journée)
Ce matin je décide de partir à la conquête de l’université Ioan
Cuza. C’est un immense dédale dans lequel même les étudiants roumains se
perdent. Je finis par trouver le département de littérature française, mais il
n’y a personne. Je continue ma route jusqu’à l’Institut français de la ville,
pas très loin du campus. L’endroit est sympa et propose des cours de roumain
pour les débutants. Il y a une petite bibliothèque dans laquelle je tombe sur
un ouvrage de Gherasim Luca. Justement un sur lequel je n’avais pas pu mettre
la main en France. C’est un bon présage.
Je redescends vers le centre-ville pour trouver la bibliothèque
universitaire. Elle est immense et magnifique. Dehors, il neige de plus en plus
fort. Je m’inscris pour 25 lei, ce qui me donne accès aux salles de lecture.
Ici, le fonctionnement est assez différent des bibliothèques françaises. Les
ouvrages sont invisibles : il faut faire une recherche dans le catalogue
pour choisir ceux qui nous intéressent. Ensuite, on fait une demande écrite et
on patiente tranquillement dans l’une des trois salles de lecture. Pour moi qui
adore flâner dans les rayons, c’est une grande déception. Mais j’ai enfin
trouvé un lieu à partir duquel je pouvais me connecter à internet avec mon
ordinateur. L’occasion d’écrire quelques mails avec accents graves et aigus (le
roumain ne connaît pas les à, ni les é, ni les è). Je m’attarde, dehors il neige encore.
Quand je sors de la bibliothèque, il est presque 15h et je meurs
de faim. J’achète un covrig, une
sorte de grand bretzel qui est vraiment délicieux dégusté chaud. Puis je rentre
à l’appartement et je me prépare des tas de bonnes choses à manger pour les
prochains jours. Je ne comprends pas le rythme des repas ici et j’ai
l’impression de manger n’importe quoi n’importe quand. Beaucoup d’étudiants
prennent des en-cas un peu toute la journée en attendant le repas du soir (ou
le litre de bière de 18h).
Pour les magasins, c’est comme s’il n’y avait pas de
demi-mesure : soit on entre dans une échoppe minuscule qui vend de tout à
l’unité (yaourt, portion de vache qui rit, rouleau de scotch, papier toilette,
prise électrique, cigarette...), soit on se retrouve dans un immense
supermarché où la moindre chose se décline en dizaines de modèles, marques,
couleurs. Impossible (ne vous moquez pas) de mettre la main sur des galettes de
riz. Tant mieux, je suis en cure de désintox. J’ai fait pleurer de rire des
gens en leur parlant de « lait de soja ». Bref, je crois qu’il va
falloir renoncer à certaines habitudes !
Dans la cuisine, pendant que je prépare une compote de pommes,
j’ai ma première vraie conversation en roumain. Vlad est seul dans
l’appartement (Ana et Ioana sont parties) et je le découvre curieux et très
patient. Il pose des tas de questions que je ne comprends pas toujours mais il
est têtu et m’aide à formuler ou à reformuler des réponses. Je tente tant bien
que mal d’expliquer ce que je fais dans la vie, ce qui m’amène ici, ce que
j’aime en France et ce que j’apprécie à Iasi. Évidemment, ça ne va pas très
loin, mais c’est un sacré pas pour moi !
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