samedi 23 février 2013

Vendredi 22 février : SPA et histoire trolle



Après une matinée studieuse à la bibliothèque et un délicieux repas au restaurant universitaire (ils ne cuisinent que des pommes de terre mais qu’est-ce qu’ils les cuisinent bien !), je n’ai qu’une envie : m’enfoncer dans un fauteuil moelleux et voir un film roumain. Sauf qu’ici les fauteuils des salles de cinéma ne sont pas moelleux et que les films diffusés sont américains. Dana me propose d’aller avec elle ‘à la piscine’. Je saute sur l’occasion : ça ne peut pas me faire de mal de barboter un peu.

Nous retrouvons Roxana (la petite soeur de Dana, qui est tout de même plus vieille que moi) Piaţa Unirii sous une pluie fine et glacée. Nous entrons dans le sous-sol de l’hôtel Unirea (décidément, tout ici est sous la terre). Là, surprise : ce n’est pas simplement une piscine qui nous attend, c’est un vrai SPA, avec jacuzzi, sauna, hammam, salles de sport et salles de massage... Dana et Roxana ont souscrit à un abandonnement pour six mois qui leur offre la possibilité d’inviter quelqu’un. Je bénéficie donc d’une ‘séance découverte’. Soit... A vrai dire, je n’imaginais pas que ma première expérience de sauna se ferait en Roumanie. La piscine est toute petite mais je fais tout de même plusieurs longueurs, histoire de dérouiller épaules et jambes. Assez en tout cas pour m’assurer une bonne nuit de sommeil. La chaleur humide du hammam me plaît beaucoup, la chaleur sèche du sauna un peu moins. Une fontaine à glace est prévue pour ceux qui sortent de la fournaise. Pour ma part, je me contenterai d’une douche très très fraîche, de quoi revigorer un peu les membres assoupis.

Deux heures plus tard, je sors, béate et un peu ralentie. J’ai le temps de rentrer chez moi et de manger un morceau avant d’aller au Teatru Fix, où j’ai rendez-vous avec Ghazi pour une bière et un brin de conversation. Il y a là Denisa, Mădălina, Veronica, trois filles aperçues jeudi au club de théâtre d’impro francophone. [Je ne vous ai pas parlé de ma petite expérience théâtrale ? C’était  très chouette. Un peu bordélique et vraiment bon enfant – tout ce qu’il me faut pour me lancer dans l’improvisation.]  Je rencontre aussi Alex, qui s’occupe d’un club de théâtre 100% roumain. Ghazi et lui veulent organiser des matchs d’impro bilingues et me proposent [non : me somment] d’y participer. Cu placere (avec plaisir).

Je suis ravie de pouvoir, pour une fois, m’exprimer en langue roumaine. Souvent les gens sont d’accord pour parler avec moi en anglais, en français, voire en russe ou en japonais, mais en roumain, eh bien...ça leur demande trop de patience, de m’écouter baragouiner des phrases sans queue ni tête. Après une bière, bien que tout le monde autour de la table soit francophone (Alex est parti), je décide de raconter ma première histoire en roumain. C’est un conte que j’ai écrit en collaboration avec PY à Lyon et qui explique comment les trolls et les mouches sont devenus amis. PY et moi l’avons d’ailleurs mis en scène lors d’une veillée mémorable, déguisés en vieux trolls des bois, devant une assemblée d’enfants trolls ébahis.

Ghazi vient à mon secours quand je tombe en panne de vocabulaire et les gens se prennent au jeu. Denisa est tellement enthousiaste qu’elle serre ma main brûlée – aïe.

Ils décident de prolonger la soirée au bowling et pour la première fois depuis mon arrivée à Iasi je décline une invitation. Ma ligne de conduite jusqu’à présent était l’assentiment : dire oui à tout ce qui se présente (dans les limites du raisonnable), même si je suis fatiguée, même si je rêve d’un bouquin ou d’un lit. Mais vraiment le bowling ne me dit rien : 1/ ce n’est pas ma tassé de thé ; 2/ avec ma main droite douloureuse je ne pourrais pas faire grand chose. Surtout, je me sens assez ‘chez-moi’ ici pour me permettre de dire ‘merci, une prochaine fois’. J’ai compris que les gens n’allaient pas s’envoler, que les occasions de sortir ne manquaient pas, que le hasard (pour l’instant) faisait plutôt bien les choses.

Je décide de rentrer à pied pour la première fois. D’habitude la nuit je prends un taxi : c’est abordable (le prix d’un café à Paris) et rassurant. Mais ce soir il n’est pas très tard, 23h tout au plus, et j’ai envie de tenter l’aventure. Allez savoir pourquoi, je suis toujours un peu réticente quand il s’agit de prendre un taxi. J’éprouve une sorte de culpabilité (celle d’être ‘riche’ dans ce pays qui galère) mêlée au désir de vivre ce que vivent les gens les plus modestes. (C’est comme ça qu’une fois je me suis retrouvée à 4h du matin dans Bucarest, tentant de prendre un bus pour l’aéroport, faisant de bonnes et de moins bonnes rencontres.)

Tout se passe bien mais je ne recommencerai pas l’expérience. Les ruines prennent des proportions terrifiantes dans le noir et certains quartiers forment des blocs de nuit compacts, sans éclairages, sans repères. Je prends l’air très méchant parce que Voica m’a expliqué qu’il faut montrer aux chiens errants que je n’ai pas peur d’eux. Mais la situation est tellement comique que je finis par rire toute seule : je ne suis pas sûre que les chiens puissent se rendre compte que je fronce les sourcils.

Addendum : Non, PY n'est pas un Grec. C'était - et c'est toujours j'espère - le meilleur des colocataires.

Addendum bis : Pour ceux qui ont noté le terrible lapsus (corrigé depuis) "D'habite la nuit je prends un taxi"...eh bien je préfère ne pas commenter !

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