vendredi 15 février 2013

Jeudi 14 février : l’imposteur



Ce matin, j’ai rendez-vous avec une femme dont je n’ai pas très bien compris la fonction. Elle m’a contactée par mail pour me proposer une rencontre, et j’ai dit oui, bien sûr. Quand j’arrive (en avance !) à la bibliothèque, elle m’attend sur le seuil. Je mets du temps à saisir sa démarche : elle est bibliographe à Iasi, travaille pour le catalogue de la bibliothèque universitaire et se propose de m’aider à établir une bibliographie pour ma thèse. Mais manifestement quelque chose cloche : elle me regarde comme si je débarquais d’une autre planète. Elle semble même réticente quand elle me remet les ouvrages qu’elle vient de référencer. Je me demande ce qui ne va pas chez moi ce matin. Et je finis par comprendre qu’elle n’arrive pas à concevoir comment une fille ‘aussi jeune que moi’ peut déjà être doctorante. Pour un peu, elle me ferait passer pour un imposteur. Elle me dit : « Vous avez l’air d’une écolière ! ». Une écolière à qui on présente des poèmes de Gherasim Luca comme on montrerait un film érotique à un adolescent : avec la pudeur gênée de ‘ceux qui savent’. Il n’empêche : nous nous mettons d’accord pour nous aider l’une l’autre dans ces recherches. J’ai réussi à glisser mon âge dans la conversation, histoire de la rassurer.
[Note pour moi-même : à l’avenir, éviter de porter une jupe avec des chaussettes rayées lorsque je rencontre quelqu’un qui de près ou de loin s’intéresse à mon travail de thèse.]
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A 13h30, je déjeune avec Dana et deux autres professeurs de littérature. Mes premières connaissances à l’université Ioan Cuza ! Ca mérite bien que je ‘sèche’ mon cours de langue roumaine (d’une part, je meurs de faim, d’autre part, j’ai vraiment envie de rencontrer des professeurs de Iasi, et l’occasion ne se présentera pas tous les jours).
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Cet après-midi, je retrouve Angela chez elle à l’heure du thé. Elle a oublié que je venais à 16h et a préparé quatre ou cinq plats pour le déjeuner. Elle a l’air tellement déçue d’apprendre que j’ai déjà mangé que je décide de revenir ce soir (pour être tout à fait sincère, elle ne me laisse pas vraiment le choix, mais j’en suis ravie). Le temps de faire un saut à la bibliothèque où Dana donne un cours de théâtre en anglais pour les enfants. J’assiste à la séance avec un grand, grand bonheur, et je finis même par y participer. Je leur promets de revenir, ça me donne déjà des ailes.


Dans la bibliothèque
 (La photo est mauvaise, mais ça vous donne une idée du faste des lieux.)
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Quand je retrouve Angela, elle a réussi à préparer un nouveau plat, au cas où nous manquerions de victuailles en cette soirée de Saint Valentin. Bref, il y a sur la table : une soupe de poulet, une salade « super super super » (je cite la cuisinière), des épinards à la crème, des croquettes de brocolis, du riz, de la viande non identifiable (mais non, ce n’était pas du cheval). La soupe de poulet à elle seule aurait pu nourrir son homme, mais tout était délicieux. D’ailleurs, je rentre chez moi avec plein de provisions, parce que Maman Angela a insisté pour que j’emporte les restes (et des sachets de thé. Et une pomme. Et...non, non, merci, je vous jure que ça va aller).
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De l’énorme gâteau ‘chocorange’ que j’ai préparé pour mes colocataires, il ne reste plus une miette. La journée serait vraiment parfaite si je n’avais pas reçu ce stupide e-mail de l’université (française, cette fois) qui va, je le sens déjà, m’empêcher de dormir.

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