jeudi 14 février 2013

Mercredi soir : musique traditionnelle



Ce soir, je rejoins Voica, Eiko, Marian et tout le petit monde à La Taverna, un bar en sous-sol qui commence à m’être familier. Impossible d’ailleurs de tomber dessus par hasard : il faut descendre des escaliers peu engageants, traverser un tunnel sous la rue et pousser une porte qui ressemble à l’entrée d’un entrepôt. Aucune enseigne, aucune indication. Je me demande combien d’autres secrets Iasi recèle dans son ventre.
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Tous les mercredis, le même groupe vient jouer de la musique traditionnelle. Les gens forment une immense ronde et dansent ainsi jusqu’à trois heures du matin (en fin de semaine, le bar ferme un peu plus tard, à cinq heures). Certains airs exercent sur moi une telle fascination qu’ils justifieraient à eux seuls le voyage (évidemment, je peux les écouter sur Youtube, mais le charme est plus fort encore quand on a les violons devant soi).
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Mais allez savoir pourquoi, ce soir une sorte de mélancolie s’accroche aux visages. Rien de palpable, mais l’ambiance est très différente de ce que j’ai connu la semaine dernière.
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Je parle avec Eiko en roumain, parce que c’est la seule langue que nous avons en commun. Voica est hilare quand elle entend une Japonaise et une Française lancées dans une discussion în româneşte.
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Je retrouve trois Français que j’ai déjà aperçus ici. Ils se sont engagés dans un projet passionnant et je prends un grand plaisir à les écouter. Leur parcours roumain repose sur le principe du 3x4 : l’idée est de passer quatre mois dans trois villes de taille équivalente pour étudier la manière dont s’organise le tissu urbain dans les différentes régions du pays. 


Première ville : Cluj, en Transylvanie. Celle des trois qui est sans doute le plus tournée vers le reste de l’Europe, avec une présence hongroise très forte et un patrimoine relativement bien préservé. Deuxième : Constanţa, au bord de la Mer Noire. Très fréquentée l’été (c’est un peu la Côte d’Azur roumaine), un peu ville-fantôme hors-saison. Influences turque et arabe. Dernière étape : Iasi, plus proche de la Russie. Dans chaque ville, ils filment l’espace, son organisation, les flux qui le traversent. En les écoutant, je me demande pourquoi je ne suis pas devenue géographe. Mais c’est oublier que j’aurais aussi voulu être historienne, philosophe, peintre, linguiste, couturière et maçon (les deux derniers métiers m’attiraient beaucoup, paraît-il, quand j’étais enfant). Bref, je vais devoir m’intéresser sérieusement à la métempsychose si je veux si je veux donner corps à tous ces désirs.

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