En France je pouvais m’offrir le luxe de ne fréquenter que des
gens ouverts d’esprits, de fuir le racisme, l’homophobie, les intolérances en
tous genres. Les choses sont très différentes ici, parce que les changements
sont plutôt mal acceptés, parce que la différence est d’emblée pointée du
doigt.
Le racisme envers les Tsiganes est tellement fort que je me
garde bien d’aborder le sujet. On me l’avait déjà dit, mais je reste quand même
étonnée en entendant des propos aussi durs, aussi radicaux. Surtout, j’ai
l’impression que tout le monde partage cet avis : jeunes, vieux, riches,
pauvres, les Roumains ont à cœur de rappeler qu’ils ont leur identité et qu’elle est très différente de celle des Tsiganes
(on ne parle pas de Roms ici, mais de Tsiganes, « tisagani »). Bien
sûr, je suppose que certains Roumains ont un point de vue différent sur la
question, mais ce n’est pas leur voix qui s’élève. Angela, Mihai, Mitica m’ont
tous dit que la place de la communauté
tsigane n’était pas dans ce pays. Et il n’est pas rare d’entendre que ces gens ont la paresse et la fourberie dans
le sang, voire qu’il faudrait s’en
débarrasser une fois pour toutes...Quand j’exprime mon désaccord, on me
renvoie bien évidemment à mon ignorance : qu’ai-je à dire, moi qui ne suis
à Iasi que depuis deux, trois semaines ? Et quand je veux expliquer qu’à
mon sens jamais, ô grand jamais, on ne peut dire de quelqu’un qu’il a ça dans le sang, les mots me
manquent [conclusion : je dois redoubler d’efforts pour progresser en
roumain le plus vite possible].
Quant à l’homosexualité, c’est comme le lait de soja : en
Roumanie, cela n’existe pas. On me l’a dit hier, c’est sans appel. Peut-être
que la ville de Bucarest est plus ouverte sur le sujet : il y a quelques
années, une gay pride a vu le jour.
Mais dans le nord du pays, dans la région la plus pauvre et la plus rurale, il
vaut mieux faire attention à ce que l’on raconte. C’est plus facile pour moi,
car personne n’en parle (normal – ça n’existe pas).
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