Avant de débarquer à Iasi dans mon manteau en plumes de canard,
j’avais une idée très vague de la Roumanie. C’est un pays qui m’attirait, bien
sûr, mais je crois que je le fantasmais plus qu’autre chose. Mes connaissances
se résumaient à quelques lectures – une brève histoire de l’Europe de l’Est
après la première guerre mondiale, un ou deux contes traditionnels, un manuel
de conversation à l’humour douteux.
Deux choses m’ont tout de même aidée à dessiner les contours du pays :
* le blog de Ciboolette, qui vit à Bucarest et qui travaille de
la cafetière
* un roman de Liliana Lazar qui a pour titre Terre des affranchis.
L’histoire se passe dans le petit village de Slobozia, sous le
régime de Ceausescu. Je me garderai bien de raconter l’intrigue, parce qu’elle
mérite d’être découverte au fil de la lecture. Mais la grande force du roman
est de rendre l’atmosphère si étrange qui régnait dans ces lieux : les
légendes les plus anciennes côtoient les rumeurs politiques, l’Église orthodoxe
doit pactiser avec le régime communiste (...qui doit pactiser avec l’Église orthodoxe).
Il revient à chacun de composer avec ce syncrétisme, de trouver son chemin dans
cet assemblage bancal de croyances, de peurs et de désirs.
Le lac cristallise toutes les tensions – c’est un lieu maudit,
où les envahisseurs turcs se seraient noyés, mais c’est aussi le rendez-vous des
amoureux, et l’endroit idéal pour échapper aux regards.
Le livre est écrit en français, mais Liliana Lazar a grandi en
Moldavie, et elle est en toujours imprégnée. Et puisque je préfère ranger les
livres par affinités (plutôt que par ordre alphabétique !), si celui-ci
devait s’installer dans ma bibliothèque, il trouverait une place tout près du Meunier hurlant, de Paasilinna.
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